Ma mission

Publié le par Philippe LENNE

Ma mission

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Je vous ai promis de vous tenir au courant de ma mission dans ma dernière note, il faut donc que je m’y colle !!!

En effet, ça me gonfle un peu car depuis ce lundi je suis plus claire dans mes idées : JE ME CASSE.

Je vous explique :

Je suis dans une ONG qui n’est pas plus efficace dans le développement qu’un tube de dentifrice vide l’est pour se couper les ongles !?!?!?!?

Je vous laisse juger mais je vous averti, je vais un peu vous influencer…

Tout d’abord, j’ai accepté un poste de chef de projet et dés le premier jour, je me suis retrouvé avec un poste à souder entre les mains pour lui bricoler des installations chez lui sans qu’on ne m’explique rien et ma place s’oriente très vite vers la place de manœuvre qui fait le même travail que les ouvriers mauritaniens qui m’entourent (très intéressant comme place dans un pays où le taux de chômage est sûrement incalculable). J’ai donc mis les « Holas » assez vite pour dire que j’avais pour objectif de connaître le projet, les partenaires, les documents, ce qui me paraissait normal pour posséder le projet surtout que ce guignol qui me sert de chef ne cesse de se plaindre d’être déborder… Malgré ça, un jour où j’arrive le matin, il se sauve devant moi en me baragouinant une espèce de réunion et il part sans moi sans que je n’ai rien à faire et au bout de 1 à 2 heures à caresser les chiens, j’apprends qu’il est parti à une assemblé de l’UNICEF qui est le bailleur de ce qui devait être mon projet, j’ai eu beaucoup de mal à le digérer ! Impossible aussi d’avoir des rapports d’activité des dernières années ; ha si, maintenant que j’ai démissionné, je peux les lire !?!?!?!? Bon comportement, non ? Et je ne vous parle pas des papiers sur le projet de cette année qui doivent bien exister quelque part…

 

Mais même en tant que manœuvre cela ne m’empêche pas de réfléchir et de voir ses méthodes de travail, par exemple aujourd’hui j’ai passer ma journée à repeindre des salles de classe avec un ouvrier pendant que les locaux nous regardent et ne font rien sauf de recevoir une école neuve sans débourser un centime ni faire un effort, même pas une demande préalable.

Cette école fait partie d’un projet de partenariat avec une école autrichienne qui a donné des centaines de tables et chaises de classe et qui voulait réaliser un projet d’échange qui aurait pu être très intéressant. Mais guignol (mon chef) n’était pas d’accord, il préfère semer le mobilier un peu partout dans Nouakchott et de faire de tous les directeurs d’école ses meilleurs potes, c’est si facile d’acheter l’Afrique comme on le fait depuis tant d’années… Il a donc choisi une toute petite école paumée au milieu du désert où il y a peu de rénovation à faire avec aucun moyen de communication (pas mal pour un échange culturel) comme ça ce projet de jumelage tombe à l’eau !!! Bref, ils ne demandent rien, ne font rien, ne promettent rien, reçoivent une école neuve, et n’apprennent rien car c’est nous qui faisons tout, si ça c’est du développement ?

 

En plus, guignol est insupportable dans sa personne, il se plaint d’être débordé sans rien délégué, il est complètement flou dans son mode de fonctionnement, ses ouvriers sont sous payé, non déclaré et ils travaillent quand ils le veulent et si ils le veulent, moi-même je fais un peu ce que je veux et il ne m’explique rien, il passe du coq à l’âne et utilise des expressions qu’il improvise sans cesse… Il est fatiguant !

 

Voilà pourquoi j’ai choisi de démissionner car je ne mis retrouve pas professionnellement et je ne suis pas d’accord avec les méthodes .Mais je ne voulais pas partir si vite alors j’ai réussi à négocier et non sans peine de rester 2 mois de plus pendant lesquels je change complètement d’optique et je suis là pour profiter du pays et je n’envisage plus du tout de m’approprier ce projet nocif qui participe à garder cette France mère qui allaite sa fille Afrique pour mieux la pouiller par derrière. J’avoue même que par moment j’aurais certainement du mal à supporter de travailler dans un projet aussi mauvais pour la population car ça favorise l’idée des africains d’une Europe riche qui donne donne et redonne à une Afrique qui ne peut que recevoir car de toute façon « c’est l’Afrique on n’y peut rien, c’est dieu qui veut ça » !

 

A bientôt pour de meilleures nouvelles…

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C
Alors Philippe??? Enfoui Sous le sable? Que deviens-tu? A bientôt. Cécile.
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C
Félicitations, Philippe. Une nouvelle expérience qui te permet de mûrir dans la connaissance des hommes quels qu'ils soient. Jaunes, Blancs, Noirs, Rouges, Verts, Métisses, chez chacun, il demeure un souci de profit personnel et de difficulté à se mettre en projet, ou de se tenir debout face aux réalités de la vie où que ce soit. Je crois que tu as mis le doigt sur les difficultés des missions en coopération. Comment ne pas profiter de la chance d'être celui qui est censé "aider" d'autres qui n'ont pas la chance d'être né dans une autre société? N'oublie pas de nous faire parvenir des photos de tes prochaines découvertes; cela nous aide souvent à regarder plus finement ce qui peut se vivre dans un pays comme la Mauritanie.Merci de ton partage et bisous de tes" vieux" oncle et tante!Ton analyse de la situation est très pertinente.Cécile et François
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A
Je pense tout comme toi qu'il fallait que tu prends la bonne décision. C'est sûr elle n'a pas été facile à prendre, mais quand on part à dans une mission comme la tienne avec une vision des choses et des principes comme les tiens il est dur de se dire qu'on va servir à rien pendant 2ans!!!!!! En tout cas comme dit si bien Sébastien BRAVO!!!!!!! Pour cette bonne décision et profites bien de ce pays ces deux derniers mois car je suis bien placée pour dire qu'il y a de quoi faire Bisous et bon courage!!!
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S
Bravo Philippe pour cette décision courageuse ! Je comprends ta déconvenue et ta colère. Profite de ces deux mois qui viennent pour découvrir les bons côtés de l'Afrique !
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